48h avant le départ de la course de l’année, la pression est à son comble
Le prestige de la transatlantique, les centaines de milliers de spectateurs, le nombre record de participants (138), les conditions météorologiques qui s’annoncent toniques… 48h avant le départ de la course de l’année, la pression est à son comble pour le skipper. Mais à 45 ans, Romain Attanasio (Fortinet – Best Western) a appris à faire face et connaît les ingrédients nécessaires pour réussir un bon départ.
S’habituer au grandiose, s’acclimater à la foule, appréhender les sollicitations qui s’enchaînent et le stress qui monte. Romain Attanasio, deux Vendée Globe au compteur et une Route du Rhum, est un habitué de ces ambiances d’avant course où toutes les émotions se mêlent. « Certes, on ne part pas pour un tour du monde mais pour 12 jours en mer. Pourtant, l’ambiance est complétement dingue », reconnaît Romain. « Le village est énorme, la foule est impressionnante… C’est incroyable de voir l’enthousiasme des spectateurs, les entendre nous encourager, nous féliciter. Voir l’ampleur de l’événement, ça donne un peu la pression ! »
Grâce au travail de l’équipe, il a gagné en sérénité
Il y a aussi l’impression tenace que tout s’accélère. La semaine dernière, le skipper de Fortinet – Best Western a convoyé le bateau de Lorient jusqu’à Saint-Malo. Un « convoyage de rêve » qui a précédé une parade au large de Saint-Malo puis une traversée des écluses avant d’amarrer enfin le bateau. « Ensuite, il a fallu prendre le rythme du village et jongler entre les sollicitations ». S’il y a le plaisir de partager ce moment fort, il convient aussi d’accepter de « ne plus vraiment maîtriser son emploi du temps ».
Désormais, place à la dernière ligne droite. Techniquement, le bateau est prêt et l’équipe veille au quotidien à le faire fonctionner pour tout contrôler. « Depuis le début de l’année, tous les membres de l’équipe se sont employés sans compter leurs heures. J’ai vraiment senti chez tous une sacrée dose de motivation », apprécie Romain. « C’est très agréable de voir que tout est géré, ça permet de gagner en sérénité ».
« Les conditions devraient être rugueuses »
Le marin peut se focaliser sur l’analyse des conditions météorologiques, un travail de plus en plus conséquent à l’approche du départ. « Il va y avoir du vent de face et un premier front à passer au large avec des pointes annoncées à 40 nœuds. Les conditions devraient être rugueuses donc, avec du près quasiment jusqu’aux Açores. Il s’agit d’un scénario classique de transatlantique mais on sait que ce ne sera pas vraiment reposant ! »
DDe quoi ajouter encore un peu plus de stress au moment de s’élancer. Romain évoque ces instants avant le grand départ : « l’avant-dernière nuit, tu sais que c’est la dernière au calme. La dernière journée (le samedi), tu as l’impression que tout va trop vite, tu rentres toujours trop tard. Ensuite, c’est nuit blanche, tu ne dors pas bien, comme un champion à la veille d’une épreuve olympique ». Le réveil est toujours très matinal, le corps est « cueilli par le froid, le vent et la mer » et puis il y a l’appréhension de réussir le départ, d’éviter les collisions…
L’expérience que le Breton a acquis au fil des années lui permet néanmoins de « mieux gérer » ce fameux stress qui ronge. « Tu fais sans doute davantage preuve d’anticipation », explique-t-il. « Mais surtout, tu as bien conscience qu’à tout moment, en une fraction de secondes, tout peut basculer sur ce genre de bateau ». Romain, qui s’attache à connaître son bateau depuis près de deux ans, a un avantage certain par rapport aux projets plus jeunes. Compétiteur et enthousiaste, il a bien en tête le meilleur scénario en début de course : « l’idéal, c’est de réussir un départ lancé, d’éviter les soucis et d’être à l’avant de la course. Si en passant Ouessant je suis dans le bon paquet sans avoir d’avarie, ce sera un départ réussi ! »