ROMAIN ATTANASIO ET LOÏS BERREHAR, AU BOUT DE L’ENVIE !
Romain Attanasio et Loïs Berrehar ont bouclé la Transat Jacques Vabre ce mardi, à la 17e place après 14 jours 7 h 30 min 15 sec en mer à bord de l’IMOCA Fortinet-Best Western. Entre un départ éprouvant, des choix stratégiques audacieux et des soucis techniques parfois très contraignants à régler, il a fallu tenir bon. « On a pu tirer le plein potentiel du bateau », assure Loïs. De bon augure pour Romain qui retrouvera la compétition dès le 30 novembre pour le Retour à la Base, une nouvelle transatlantique en solitaire cette fois, qualificative pour le prochain Vendée Globe 2024-25.
Ils sont allés au bout et ont pu savourer le plaisir simple d’avoir bouclé une transatlantique prestigieuse. Rien n’a été facile pourtant durant ces deux semaines de course. À bord de Fortinet-Best Western, il a fallu faire appel à des ressources insoupçonnées, une sacrée capacité de résistance et un poil d’audace franchir la ligne d’arrivée.
Des péripéties en pagaille
Au départ, les conditions étaient particulièrement toniques, la concurrence exacerbée. Dans un message envoyé 48 heures après le départ, Romain explique : « le bateau tape beaucoup en retombant des vagues. Ça nous tape le dos, le cou, les dents… On porte un casque tellement les chocs sont brutaux ». Face à la violence des éléments, le duo a dû « passer du temps sur le pont » à bricoler, notamment sur les voiles. Pas le temps de vraiment se reposer, ni de manger d’ailleurs. « On attend que ça se calme un peu ».
Il faut attendre la 3e nuit pour avoir enfin un peu de répit, recharger les batteries et débuter les réparations, notamment en affalant la grand-voile, et se préparer aussi un premier café. Il n’empêche, le duo progresse tout en étant constamment au sein du « top 15 » en accrochant à un moment la 10e place. Ils continuent leur marche en avant malgré une zone de pétole, une accélération dans les Canaries, une nuit « sport » après un départ au tas et une bataille de tous les instants face à Guyot Environnement (Benjamin Dutreux – Corentin Horeau) et Prysmian Group (Giancarlo Pedote – Gaston Morvan).
Une option audacieuse, une nuit « catastrophique »
La suite, c’est une option stratégique audacieuse que raconte Romain : « nous n’avions rien à perdre. Plutôt que de rester derrière nos deux rivaux, on a décidé de tenter un coup au Sud pour essayer de les dépasser. Mais elle ne s’est pas avérée pertinente, on ne pouvait plus s’en sortir ». Certes, il reconnaît que « c’était cher payé » même s’il préfère retenir le positif, comme toujours.
Et puis il fallait avancer, résister, même quand le sort semblait s’acharner. Ça a été le cas lors d’une nuit qu’ils ont tous les deux qualifiés de « catastrophique » : « On a eu des problèmes de quille, de moteur et de pilote automatique. Il y avait de l’huile partout. En fait, le moteur a bougé et a desserré une durite. On a passé beaucoup de temps à éponger, et Loïs a dû beaucoup barrer pendant que je démontais tous les systèmes afin d’identifier la panne », souligne Romain.
Les deux hommes ont donc tenu bon jusqu’au bout. Dans les dernières heures, ils se sont offerts un sacré mano-à-mano sous le vent de la Martinique face à Bureau Vallée (Louis Burton et Davy Beaudart). À l’arrivée, seulement trois minutes les séparent de Fortinet – Best Western ! Le duo Attanasio-Berrehar termine donc à la 17e place avec la conviction du travail bien fait et la certitude d’avoir beaucoup appris. Un acquis qui sera précieux pour Romain le 30 novembre prochain, lui qui prendra le départ de Retour à la base, une course de Fort-de-France à Lorient, en solitaire cette fois, et qui fait partie des épreuves qualificatives pour le Vendée Globe 2024-25.
Romain Attanasio : « La course était difficile mais très sympa, on a appris plein de choses. Ça a été très instructif avant d’aborder la saison prochaine, notamment de voir la façon de faire de Loïs. Nous avons eu notre lot de soucis depuis le début, notamment une nuit sans pilote automatique et puis il y a eu cette option dans le Sud qui n’a pas été concluante. Et puis à la fin, avec le manque de vent, c’était interminable. Mais on est heureux d’être là ! Parmi ce qu’on peut optimiser, il y a le fait d’avoir de nouvelles voiles, notamment au portant. Ce sera génial de mettre à profit toute cette expérience pour les prochaines courses. Et puis on s’est bien marré ensemble ! On avait embarqué deux peignoirs de Best Western et on les utilisait tous les jours ! » |
Loïs Berrehar :« Nous sommes forcément contents d’arriver, d’autant qu’on a eu très chaud ces derniers jours. Il y a eu des anecdotes sympas tout au long de la course. On a eu des petits déboires mais ils ne nous ont pas gêné plus que ça. Ce qui est intéressant, c’est qu’on a tiré tout le plein potentiel du bateau. On sait quelles sont les limites de la machine, ce qui est plus difficile à réaliser en solitaire. C’est ma 2e Transat Jacques Vabre en IMOCA et j’y prends toujours beaucoup de plaisir. Ce sont des bateaux qui ont un potentiel énorme avec une flotte incroyable » |
Leur course en bref:
Horaire d’arrivée (heure locale) : 12 h 00 min 15 sec
Horaire d’arrivée (heure de métropole) : 17 h 00 min 15 sec
Temps de course : 14 jours 7 h 30 min 15 sec
Écart avec le premier : 2 jours 9 h 57 min 44 sec
Distance parcourue totale : 5 179,97 milles
Vitesse moyenne réelle : 15,08 nœuds