Transat Jacques Vabre 2021 : Attanasio, l’interview avant le grand départ

Le compte-à-rebours est lancé. Dimanche, Romain Attanasio et Sébastien Marsset disputeront leur première transatlantique à bord de ‘Fortinet-Best Western’. L’effervescence sur les pontons, la gestion du départ, l’analyse météo, les ambitions qui s’affinent… Romain revient sur les points clés de la course avant de s’élancer.

L’envie de s’élancer, de prendre le large, de ne penser qu’au bateau et de préférer les actes aux mots. Chez Romain Attanasio, il y a déjà une pointe d’impatience à en découdre à quelques heures du départ de la course la plus prestigieuse de cette fin de saison. Romain Attanasio et Sébastien Marsset, qui n’ont pas ménagé leurs efforts ces derniers mois pour peaufiner leurs automatismes à bord de Fortinet-Best Western, n’attendent plus que de s’exprimer au large. Les conditions au départ semblent d’ailleurs propices à s’envoler dès les premiers milles, l’occasion de bien se placer d’entrée et se projeter avec enthousiasme sur la descente de l’Atlantique. 

Comment te sens-tu à quelques heures de débuter cette Transat Jacques Vabre ? 
Plutôt bien ! Nous savons que nous avons fait tout ce qu’on pouvait. Le bateau n’a jamais été aussi prêt, on a navigué au maximum ces derniers mois. À chaque départ, le constat est identique : nous sommes très heureux de retrouver les partenaires, le public et de multiplier les échanges pendant quelques jours. Mais à partir d’un moment, on sent qu’il faut y aller. On a simplement hâte de partir !
Il s’agit de ta 4e Transat Jacques Vabre et tu as participé à deux Vendée Globe et une Route du Rhum. Quelles sont tes habitudes avant un grand départ ?
Je n’en ai pas vraiment. La veille du départ, le planning est toujours très chargé. Nous aurons deux briefings météo, des rendez-vous avec les partenaires, un dernier point avec l’équipe technique. Le temps file beaucoup plus vite. Je déteste cette « veillée d’arme », cette dernière nuit avant de se lever à l’aube pour traverser l’Atlantique. Ma hantise, c’est de mal dormir la nuit avant le départ. C’est d’autant plus le cas si je sais que les conditions sont mauvaises. Mais là, la météo devrait être plutôt bonne.

« La vie à bord est plus rude »  

Justement, qu’est-ce qui vous attend en termes de conditions ?

Le départ devrait être très photogénique avec du vent de travers à 15 à 20 nœuds qui va nous permettre de faire voler les bateaux. Ça va partir fort mais il y aura moins de vent à la pointe de la Bretagne. Ce ne sera donc pas des conditions difficiles, il n’y aura pas de grosse tempête pour débuter. On s’oriente plutôt vers une course au portant. L’important, ce sera d’être rapidement dans le bon wagon. Par ailleurs, l’alizé ne sera pas très fort : il ne devrait pas y avoir de conditions rugueuses jusqu’au pot-au-noir.

Le départ reste néanmoins à aborder avec extrêmement de vigilance…

Oui totalement, c’est un moment délicat, d’autant qu’on ne sera pas amariné (habitué à être en mer NDRL) puisque nous aurons passé les dix jours précédents à terre. Il faut gérer la navigation alors qu’il y aura beaucoup de bateaux au départ. Ensuite, dans la Manche, le trafic est toujours très intense, ce qui oblige à être particulièrement concentré.

‘Fortinet-Best Western’ est l’un des ‘foilers’ (bateaux volants), les plus performants de la flotte. Qu’est-ce que cela change dans l’appréhension du danger ?

Il est toujours présent, cela fait partie de notre sport. La difficulté, c’est la façon de l’appréhender psychologiquement, d’autant qu’il y en a beaucoup qui ne sont pas prévisibles, comme un problème mécanique ou un choc avec un Ofni. À bord d’un foiler, la vie à bord est plus dure, nous sommes plus secoués, plus mouillés et les risques sont donc conséquents. En étant plus rapide, les impacts potentiels sont également plus violents. Mais j’ai pris le temps, au fil des années, de m’adapter, d’apprendre et cette expérience acquise progressivement est précieuse pour faire face à tout.