INTERVIEW BILAN : de retour en Bretagne, Romain revient sur sa course 

Alors que Romain a franchit la ligne d’arrivée de la Route du Rhum le mardi 22 novembre à  16h55 20′ locale (21h55 20′ heure de Paris) en 10ème position, notre skipper est de retour en Bretagne. Le planning des prochaines semaines s’annonce chargé entre le lancement prochain du chantier d’hiver, les rencontres partenaires, les remises de prix, et la préparation de son tout nouvel objectif : le semi-marathon de Paris en mars prochain. Le bateau actuellement en convoyage devrait arriver en début de semaine prochaine. Nous avons profité de cette fenêtre pour proposer à Romain de revenir sur sa Route du Rhum avec une interview « bilan de course ». Bonne lecture !  

Peux-tu nous raconter ta Route du Rhum en quelques mots, comment l’as tu vécue ? 


C’était une course difficile, avec un rythme digne d’une étape de Figaro mais sur un IMOCA de 60 pieds, et sur 13 jours au lieu de 3 ! On a tous été surpris par le rythme et l’intensité de la course. Chaque petite erreur pouvait te faire perdre une place. Chaque manoeuvre était décisive. Comme en Figaro, ça se jouait à rien pendant toute la course ! J’étais à fond tout le temps. Chaque fois que je faisais une manœuvre je la faisais en courant. J’ai même eu un point de côté au niveau de la bouée Basse-Terre qui était un moment assez intense au niveau des changements de voile et des réglages (sud de la Guadeloupe). En plus avec les problèmes que j’ai eu à bord (NDLR : génératrice et connexion, voir question suivante), ça a créé plein de rebondissements. Cela semble anecdotique quand je dis à l’arrivée que c’est la première fois que je fais une transat sur laquelle je ne me lave pas, mais c’est assez révélateur du rythme hyper soutenu de cette Route du Rhum ! 

Quels ont été tes 3 meilleurs moments ?

 1. Le départ : j’ai senti une libération !Comme je l’ai évoqué, j’ai passé une année compliquée et j’avais plein de choses en tête. Et au moment où je prends le départ je me dis : maintenant on débranche tout et on fait la course. J’ai senti une libération. Ce départ m’a comme libéré d’un poids. 

2. Quand la génératrice rend l’âme, je suis à deux doigts de faire demi-tour, et finalement je tiens bonAprès que ma génératrice ait explosé,  j’ai l’équipe au téléphone et on cherche des solutions. En pleine nuit, pas la peine de compter sur les panneaux solaires. On se rend compte que l’hydrogénérateur babord charge mieux alors je vire de bord et je vois que ça marche. Je me dis : on verra bien demain mais il y a peut-être encore un coup à jouer. Le matin je vois qu’avec le soleil les batteries rechargent et la l’espoir revient. Je suis vraiment soulagé car je déteste abandonner : une course ça se termine meme sur les jantes mais ça se termine. La seule course où j’ai abandonné c’est parce que j’ai coulé (NDLR : Mini-Transat 1999). 

3. Le finish : j’arrive sous l’île et je vois Pip (Hare)Avec mes problèmes de connexion, j’ai perdu des places car je n’avais plus de fichier météo à jour. Mais à l’arrivée sur la Guadeloupe j’arrive à passer deux bateaux (Tanguy le Turquais – Lazare et Seb Marsset – Mon courtier énergie). Quand j’arrive sous l’île, je vois Pip et là je me dis qu’il faut que je donne tout ! C’est Pip qui me donne le classement par VHF et quand je passe 10ème je reste hyper concentré. Le passage du Canal des Saintes est un moment incroyable et je reste focus jusqu’à la ligne d’arrivée. 

Tes trois pires moments ? 

1. Quand la génératrice explose : il y a un feu d’artifice dans le bateau et des étincelles. Sur le moment, je me dis que je vais pas pouvoir finir la course sans génératrice. 

2. Dans la dorsale avec Maitre coq et Corum : mon bateau est éteint à cause de mon problème de batterie, et un IMOCA éteint ça marche moins bien… Là je vois Corum glisser derriere un nuage et le lendemain matin je vois qu’il est 26 mille devant. 

3. Quand mon antenne Certus tombe en rade : je n’ai plus de fichier météo et plus de position. Je perds tout le monde et la veille d’arriver quand je les retrouve je m’aperçois que j’ai fait le mauvais bord. Je commence vraiment à m’inquiéter. 

Tu termines 10ème de la course et obtient le prix Lornet* un mot sur ton résultat ?

J’ai récupéré ma 10ème place sur le fil après un match très serré. Je suis content d’avoir tenu mon objectif initial malgré les problèmes techniques que j’ai rencontré ! En général, je ne suis pas un finisher, mais cette fois-ci je suis resté dans le match jusqu’au bout. J’ai tout donné en particulier sur le tour de la Guadeloupe, ça fait plaisir d’obtenir le record du tour de l’île en classe IMOCA ! 

* record du tour de la Guadeloupe dans la catégorie IMOCA en 6h51min

Un petit mot pour ton équipe et tes partenaires ? 

Toute l’équipe était vraiment motivée et a tout géré dans une année un peu compliquée pour moi. C’est un résultat collectif.  L’équipe est vraiment géniale et je tenais à le souligner. 

Mes partenaires ont été présents toute l’année, il y a un réel engagement de leur part et de vraies relations d’amitié qui se nouent. Ils sont là pour participer à l’aventure ! Pour Fortinet nous avons fait une tournée en Angleterre et au Portugal où j’ai senti beaucoup d’enthousiasme pour le projet. Avec Best Western France, c’est pareil. À chaque déplacement, je suis accueilli royalement dans un hotel Best Western et je sens que les équipes sont aux petits soins. Et ainsi avec tous mes partenaires : ils sont tous présents pour m’accompagner vers le Vendée Globe 2024, les relations sont hyper humaines et vraies. C’est une chance !

Un dernier commentaire ? 

Le seul que je n’ai pas remercié, c’est le bateau. Ce bateau est vraiment super : il ne va pas aussi vite que les bateaux neufs, mais par contre je l’ai bien en main et il est solide. La Vendée Arctique ou la Route du Rhum sont des courses où le bateau a beaucoup tapé mais il est hyper résilient. Grâce à l’équipe et aux sponsors on a un super bateau qui va être génial pour le Vendée Globe.