Transat Jacques Vabre : la dernière ligne droite

Sortis vaillamment du pot-au-noir, Fortinet-Best Western a contourné le point de passage de Fernando de Noronha ce dimanche. Romain Attanasio et Sébastien Marsset, 8èmes de la course parmi les IMOCA, se sont même offerts le luxe de distancer leurs rivaux du moment. Retour sur une semaine riche en émotions avant de filer vers les Antilles, où ils sont attendus samedi prochain. 
Dans le grand large, les certitudes sont rares. Les skippers préfèrent s’accrocher à leurs convictions et à leurs choix jusqu’à l’arrivée, sans ménager leurs efforts et en donnant le meilleur. C’est ce qui anime plus que jamais Romain Attanasio et Sébastien Marsset, engagés pour la première fois sur une transatlantique à bord d’un ‘foiler’. Et les deux hommes tiennent bon, bien positionnés au 8e rang au sein du groupe des poursuivants dans la flotte des IMOCA. Ce dimanche, ils ont passé le point de passage établi à Fernando de Noronha au large de Récife (Brésil). L’archipel et ses pics rocheux qui fendent l’océan sonnent comme un doux présage : la garantie de pouvoir mettre le cap sur le Nord-Ouest et prendre enfin la direction de la Martinique, terre d’arrivée de cette 15e édition de la Transat Jacques Vabre. 
« Ça bombarde depuis samedi ! »   Ce point de passage obligatoire, que Fortinet-Best Western a passé ce dimanche, est aussi le moment de sonner la charge : hors de question de se laisser distancer par les concurrents directs (Maître Coq IV, Prysmian Group, Nexans Art et Fenêtres). C’est en tout cas ce qu’assurait Romain Attanasio ce dimanche alors que Fortinet-Best Western progressait à une vitesse moyenne de 18 nœuds lors des dernières 24 heures : « on est au reaching et ça bombarde depuis samedi. On veut avoiner à fond parce qu’on souhaite creuser l’écart. Vu que ça part par devant, il ne faut vraiment pas ralentir ! » « Lors du bord vers Fernando, nous n’avions jamais poussé autant le bateau », savoure Sébastien Marsset.   Motivés à tout donner et à exploiter au maximum le potentiel de leur IMOCA, les deux hommes doivent supporter des conditions délicates à bord, la faute aux secousses régulièrement endurées par la progression et qui déclenchent régulièrement les alarmes. « Ça saute tellement dans le bateau que je suis incapable de taper un message sur le téléphone ! J’ai essayé de dormir dans la bannette et ça aussi, c’est impossible : tu décolles toutes les deux minutes ! »

La sortie du pot-au-noir « nous a remonté le moral » 

Une poignée de jours plus tôt, vendredi, le challenge était tout autre. Les deux coéquipiers devaient affronter le pot-au-noir, cette zone redoutée pour ses conditions de vent imprévisible. Pourtant, Fortinet-Best Western s’est particulièrement bien sorti de ce passage clé de la course. Romain raconte : « C’est une édition incroyable, nous avons eu très peu de vent depuis le début de la course, nous venons de passer le Pot au Noir par 23 ouest, je peux vous dire que ce n’est préconisé dans aucune bible météo. Notre formateur Jean-Yves Bernot nous a toujours appris de le traverser à partir de 27 ouest. Nous avons donc décidé de le traverser au plus court mais nous nous sommes fait ralentir puis doubler par nos concurrents qui sont passés plus à l’ouest. Finalement, nous avons réussi à aller vers le Sud, à ressortir et à repasser devant tout le paquet ! » La situation « qui se présentait très mal » s’est transformée en sacré coup face à leurs concurrents directs. « Ça nous a remonté le moral et ça nous a permis, aussi, de creuser un peu l’écart. » 

Désormais, face au courant fort et au vent soutenu attendu ces prochains jours, il faudra tenir bon. Au programme : une multitude d’empannages en longeant la zone interdite qui empêche les skippers de se rapprocher à moins de 200 milles des côtes d’Amérique latine.  
Romain Attanasio espère aussi profiter de ce lundi pour prendre une douche. À bord plus qu’ailleurs, c’est un luxe à part entière ! 

« J’ai pris ma première douche depuis le départ de la course vendredi dernier, reconnaît-il. Ça m’a fait un bien fou ! » Sébastien Marsset révèle que les deux hommes ont « trouvé une méthode » : « quand les ballasts sont pleins, on les fait couler par les évents qui se situent sur le pont et ça permet d’avoir un débit conséquent. On a appelé ça la thalasso ! » La course n’empêche donc pas de vivre des moments hors du temps. Ainsi, il y a eu un coucher de soleil splendide immortalisé mardi dernier. Et puis une rencontre captée par Sébastien Marsset, le lendemain, avec plusieurs baleines, comme un rappel que ce terrain de jeu, si exaltant soit-il, se partage toujours. 

LA SEMAINE DE FORTINET – BEST WESTERN
Sébastien MARSSET, ce lundi matin :
« On a vécu une semaine engagée, riche en rebondissements où notre position au classement a changé à plusieurs reprises. Nous n’avons jamais eu la possibilité de nous relâcher et de nous reposer sur nos acquis. On a toujours été sous la menace car la flotte s’étire par l’avant comme par l’arrière. Il n’y a quasiment pas eu de moments de répit. Mais au final, cette semaine se termine bien puisqu’on a rattrapé le retard qu’on a accumulé dans le pot-au-noir et qu’on a passé Fernando de Noronha qui est le dernier point de passage avant le rocher du Diamant. Physiquement, les réveils nocturnes sont de plus en plus compliqués et on sent qu’on a besoin de café pour se réveiller. Mais on tient le coup et on reste concentré : nous savons surtout qu’il nous reste encore l’équivalent d’une transat à faire ! »